En 1788, Benjamin Franklin décida de sceller une alliance exemplaire avec le Maroc. En signant le Traité d’amitié maroco-américain, le diplomate a donné naissance à une longue amitié et à un partenariat qui a résisté aux turbulences du temps.
Cette décision, aussi audacieuse qu’éclairée du Sultan Mohammed III, a marqué le début d’une saga diplomatique sans précédent, comme si le Souverain avait su lire dans les pages encore blanches de l’Histoire, en anticipant l’émergence d’une puissance qui allait bouleverser l’ordre mondial. En 1788, ce pressentiment s’est matérialisé dans un traité d’une portée exceptionnelle, signé de la main même de Benjamin Franklin.
Les archives nous livrent les détails de cette rencontre historique : le 15 juillet 1786, sous le ciel d’un Ramadan séculaire, Thomas Barclay, émissaire américain, franchit les portes du Palais Royal pour rencontrer l’ambassadeur Taher Ben Abdelhack Fennich. Dans leurs échanges se dessinait déjà l’architecture d’une alliance durable, comme si le temps lui-même retenait son souffle devant la portée de l’événement.
Le document qui en résulte porte les signatures prestigieuses de John Adams et Thomas Jefferson, futurs piliers de la démocratie américaine. Ces hommes, qui allaient incarner respectivement les 2e et 3e présidences des États-Unis, ont compris la valeur stratégique de ce rapprochement transcontinental. Le 18 juillet 1787, le Congress américain (United States Congress), dans un geste solennel, apposa son sceau sur ce qui deviendra le plus ancien traité toujours en vigueur de l’Histoire diplomatique maroco-américaine.
La machine du temps nous propulse ensuite à travers les siècles où ce traité révèle toute son importance, et ce, à travers la protection des navires commerciaux, l’accès privilégié aux ports, et les relations diplomatiques approfondies où chaque article témoigne d’une vision avant-gardiste des relations internationales. Tel un pont jeté par-dessus les époques, ce document fondateur n’a cessé d’évoluer pour s’adapter aux enjeux contemporains.
En 2012, nouvelle page de cette chronique séculaire : l’établissement du Dialogue stratégique marque, depuis cette date, un tournant nouveau. Sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc s’impose comme un partenaire incontournable de Washington dans la région. Victoria Nuland, porte-parole du Département d’État, souligne alors l’importance des réformes entreprises par le Royaume, comme si l’esprit novateur de 1788 continuait d’insuffler sa dynamique modernisatrice.
« L’attribution au Maroc du statut d’allié majeur non-OTAN consacre cette relation unique. De gardien des routes maritimes au XVIIIe siècle, le Royaume est devenu une plateforme géostratégique essentielle pour les intérêts américains en Afrique atlantique », explique le Professeur universitaire Noureddine Belhaddad. De leur côté, les observateurs de la capitale américaine ne s’y trompent pas : le Maroc demeure ce pays « allié clé, modéré et réformateur » dont Washington a besoin pour déployer sa stratégie régionale.
Cette alliance, forgée dans le creuset de l’Histoire, témoigne d’une remarquable continuité: de la vision éclairée du Sultan Mohammed III aux réformes audacieuses de SM le Roi Mohammed VI, en passant par la sagacité des Pères fondateurs américains, elle incarne la possibilité d’un dialogue fécond entre Orient et Occident. Plus qu’un simple traité, c’est le témoignage vivant d’une amitié qui a su traverser les âges, défier les préjugés et s’adapter aux mutations du monde.
Aujourd’hui encore, alors que le monde connaît des bouleversements majeurs, cette relation biséculaire continue d’écrire ses pages d’Histoire. Les réformes initiées par SM le Roi Mohammed VI, saluées comme un « modèle » par Washington, dessinent les contours d’un partenariat renouvelé, ancré dans des valeurs partagées et des intérêts convergents. Ainsi se perpétue l’esprit de 1788, preuve que certaines alliances, lorsqu’elles sont fondées sur la vision et le respect mutuel, peuvent défier le temps et ses tempêtes.
« Les Américains avaient parfaitement saisi l’importance géostratégique des côtes marocaines dès 1942 », nous explique le Professeur Noureddine Belhaddad, professeur universitaire spécialiste des relations internationales, avant de poursuivre que l’Opération Torch, le premier débarquement massif sur le sol africain, démontrait la volonté américaine de sécuriser cet espace maritime vital.
La présence américaine sur le littoral marocain n’était pas le fruit du hasard, car « Roosevelt avait une vision claire : transformer ces côtes en bouclier contre les incursions nazies », continue l’universitaire. « Les États-Unis ont déployé des moyens considérables pour protéger les ports marocains, conscients qu’ils constituaient une porte d’entrée vers la Méditerranée ».
Ce déploiement militaire américain marquait un tournant décisif. Quelques semaines avant la conférence, les forces américaines avaient déjà infligé « le premier revers stratégique majeur » au nazisme lors du débarquement du 8 novembre 1942. « Les Américains ont littéralement verrouillé l’espace maritime marocain », souligne le Professeur Belhaddad. « Cette présence massive a non seulement sécurisé les côtes mais a aussi permis d’établir une base arrière solide pour les futures opérations en Méditerranée ».
La rencontre historique entre le Sultan Mohammed Ben Youssef et le Président Roosevelt lors de la Conférence d’Anfa allait sceller cette alliance maritime. « Cette conférence a marqué le début d’une nouvelle ère dans la coopération navale américano-marocaine », analyse notre expert. « Les États-Unis ont compris qu’ils avaient besoin d’un allié fiable pour maintenir la sécurité des routes maritimes dans la région ».
Le soutien américain ne se limitait pas aux aspects militaires. « Roosevelt voyait plus loin », précise le Professeur Belhaddad. « En soutenant les aspirations d’indépendance du Maroc, il jetait les bases d’un partenariat maritime durable qui perdure jusqu’à aujourd’hui ».
Cette stratégie américaine de sécurisation des côtes marocaines allait s’avérer décisive pour l’issue du conflit. « Sans ce verrou maritime américain au Maroc », conclut notre interlocuteur, « la guerre en Méditerranée aurait pu prendre une tout autre tournure ».
Cette décision, fruit d’une analyse géopolitique perspicace, ne doit rien au hasard. Le Sultan, fin stratège, a compris avant beaucoup d’autres le potentiel de cette jeune nation qui se dresse contre la Couronne britannique. Dans les souks de Tanger et de Tétouan, l’information s’est répandue telle une trainée de poudre : enfants et adultes murmurent que des émissaires américains ont déjà fait parvenir des messages au Palais, évoquant de futures relations commerciales privilégiées.
Le décret sultanien ouvre ainsi les ports marocains aux navires battant pavillon américain, leur offrant refuge et protection contre les corsaires qui écument alors la Méditerranée. Cette main tendue à travers l’Atlantique fait du Maroc le tout premier pays à reconnaître la souveraineté des États-Unis, devançant même les grandes puissances européennes.
Dans les couloirs du pouvoir à Philadelphie, la nouvelle est accueillie comme un signe providentiel. Le Congrès continental, alors en pleine guerre d’indépendance, y voit une légitimation internationale précieuse de sa cause. Benjamin Franklin, depuis Paris où il négocie le soutien français, mesure immédiatement l’importance symbolique et stratégique de cette reconnaissance.
Ce geste visionnaire du Sultan Moulay Mohammed III pose, depuis cette date inoubliable, et d’ailleurs facile à mémoriser, les fondations d’une relation diplomatique unique. Plus qu’une simple reconnaissance formelle, c’est l’acte de naissance d’une alliance qui traversera les siècles, défiant les préjugés et les clivages culturels. Le Sultan, en tendant ainsi la main à la jeune république américaine, inscrit son Royaume dans une modernité politique dont les échos résonnent encore aujourd’hui.
Un moment clé de cette amitié fut la reconnaissance historique par les États-Unis, en décembre 2020, de la souveraineté marocaine sur le Sahara. Cette décision, fruit d’un travail diplomatique de longue haleine, a marqué un tournant majeur dans les relations maroco-américaines et dans la résolution de ce différend régional.
Sous l’impulsion de Sa Majesté, le Maroc s’est également imposé comme un allié précieux des États-Unis en Afrique et dans le Monde arabe. Le Royaume joue un rôle crucial de médiateur et de facilitateur, promouvant la stabilité et le dialogue dans des régions souvent troublées.
Les accords de libre-échange, les programmes de coopération militaire, et les initiatives conjointes dans les domaines de l’éducation et de la culture ont encore renforcé les liens entre les deux pays. L’engagement personnel de Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans cette amitié diplomatique a permis d’élever les relations maroco-américaines au rang de partenariat stratégique exemplaire, servant de modèle pour les relations entre le monde occidental et le monde arabo-musulman.
Alors que le Maroc continue son ascension sur la scène internationale, l’amitié avec les États-Unis, cultivée avec soin par Sa Majesté, s’affirme comme un pilier de Sa politique étrangère, promettant un avenir de coopération et de prospérité partagée.