Stabilité et résilience : Le Maroc, un modèle pour le Maghreb face aux défis géopolitiques

Selon un think tank hongrois, le Maroc, pays le plus stable du Maghreb, attire des investissements majeurs, notamment chinois, dans des secteurs clés, se positionnant comme un hub économique et de services pour l’Afrique du Nord et de l’Ouest.

 

Face à un environnement régional complexe et des dynamiques géopolitiques mondiales en mutation, le Maroc se distingue comme le pays le plus stable de la région du Maghreb. C’est ce qui ressort d’un récent rapport du Migration Research Institute, intitulé « Morocco at Crossroads ». En effet, cette analyse du think-tank hongrois, basé à Budapest, met en lumière le rôle croissant du Maroc en tant que « tête de pont » pour la production de batteries destinées aux voitures électriques. Par conséquent, le Maroc attire des investissements majeurs dans le domaine des batteries électriques, notamment de la part de CNGR Advanced Material, une entreprise chinoise majeure dans le domaine des matériaux pour batteries électriques. Ainsi, CNGR a annoncé un investissement de 2 milliards de dollars au Maroc pour la construction d’une usine de cathodes. Par ailleurs, d’autres entreprises, telles que LG Chem (Corée du Sud) et Huayou Cobalt (Chine), ont également annoncé des projets de construction d’usines de raffinage et de production de cathodes de lithium au Maroc.

En outre, le rapport souligne que le Maroc possède 70% des réserves mondiales de phosphate, un composant clé pour les batteries, de gamme moyenne à basse, ce qui pourrait lui permettre de supplanter l’Indonésie sur ce marché grâce à sa proximité avec l’UE. Cependant, il convient de noter, selon le rapport, que le « protectionnisme » marocain a parfois découragé les entreprises chinoises d’investir pleinement, en raison de restrictions strictes sur la vente de produits de zones franches sur le marché intérieur et de tarifs élevés sur les produits intermédiaires.

 

Des secteurs économiques prometteurs

 

Au-delà des batteries électriques, le rapport met en évidence la solidité et le potentiel de croissance d’autres secteurs économiques marocains. Les banques marocaines, en particulier, ont connu des réformes importantes et sont devenues plus professionnelles et transparentes. Trois d’entre elles figurent parmi les dix premières banques africaines, avec plus de 90 milliards de dollars d’actifs et une présence dans 22 pays africains. Cette expansion, souvent réalisée via des acquisitions d’institutions européennes, positionne le Maroc comme un hub bancaire et de services pour l’Afrique du Nord et de l’Ouest. Cette position est d’autant plus stratégique que le continent africain présente un faible taux de bancarisation, offrant ainsi des opportunités de croissance importantes.

En outre, les industries pharmaceutiques, les engrais et les produits agricoles sont aussi des secteurs bien établis au Maroc, avec un potentiel de croissance considérable et une projection vers l’Afrique subsaharienne. Ces secteurs clés contribuent à diversifier l’économie marocaine et à renforcer sa position sur le continent africain.

 

Défis régionaux et perspectives

 

Le rapport aborde les défis régionaux auxquels le Maroc est confronté. Il évoque les frictions frontalières avec l’Algérie, historiquement associée au bloc soviétique, qui pourraient avoir des implications sur la stabilité régionale. De plus, le rapport alerte sur le risque de conflits liés à l’approvisionnement en eau, notamment en raison de la construction de nouveaux grands barrages près de la frontière sud avec l’Algérie, ce qui pourrait menacer l’existence de villes comme Bechar.
 

En matière de sécurité, le Migration Research Institute exprime son inquiétude quant à la réduction de la présence diplomatique de l’UE en Afrique, malgré la provenance majoritaire des flux migratoires vers l’Europe depuis le continent africain. Cependant, le rapport souligne que le Maroc est, non seulement plus sûr, mais aussi économiquement plus stable pour les investisseurs étrangers et pour la gestion des flux migratoires, notamment en comparaison avec la Tunisie.
 

Enfin, le rapport soulève la question du rôle de la Chine dans la nouvelle configuration du Maghreb. Malgré un rapprochement sécuritaire entre Israël, l’Arabie Saoudite et le Maroc via les Accords d’Abraham, la Chine a investi dans le port de Tanger Med II en 2019. L’avenir du Maroc, en particulier dans un potentiel conflit commercial entre les États-Unis et la Chine, et face à la persistance des tensions avec l’Algérie, reste une question centrale pour l’observateur international, consolidant la perception d’un Maroc à la croisée des chemins, mais résolument orienté vers l’avenir.

 

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