La jeune marque chinoise Leapmotor, commercialisée dans le reste du monde grâce au soutien de Stellantis, se lance sur le marché européen avec deux modèles aux caractéristiques radicalement opposées : la petite citadine T03 et le SUV familial C10. Mais que vaudra ce nouveau venu du segment D face à une concurrence acharnée ?
Le but est de rendre les modèles de Leapmotor concurrentiels sur le marché européen, tout en intégrant les défis liés aux surtaxes douanières et à la perte du bonus écologique en France imposé aux véhicules produits loin de l’Hexagone.
En complément de la citadine électrique T03, le grand SUV électrique C10 arrive afin d’élargir le catalogue. Avec ses 4,74 m de longueur, il rivalise avec la Tesla Model Y et le Peugeot E-5008, bien qu’il ne compte que 5 places, contrairement au SUV du Lion.
Son design, à la fois moderne et consensuel, reprend des éléments déjà remarqués chez d’autres constructeurs : une carrosserie très lisse, des poignées affleurantes, des bandeaux lumineux à LED et des grandes roues de 18 ou 20 pouces. Les amples vitrages latéraux améliorent la visibilité, et l’ouverture se pratique grâce à un badge NFC placé sur le rétroviseur conducteur, au lieu d’une clé classique. L’intérieur du C10 copie en partie Tesla, avec une planche de bord épurée, des aérateurs dissimulés et un grand écran central de 14,6 pouces pour contrôler une bonne proportion des fonctions (navigation, climatisation…). Pas d’Android Auto ou d’Apple CarPlay cependant au lancement.
Au contraire de Tesla, le C10 a son instrumentation numérique face au conducteur, sur une dalle de 10,25 pouces, mais celle-ci pourrait être mieux hiérarchisée.
Comme le veut la tradition en Chine, le SUV offre beaucoup d’espace à l’arrière, bien que cela se fasse au détriment du volume de la soute. Cette dernière atteint 435 litres en configuration 5 places et 1400 litres une fois la banquette rabattue, alors que son concurrent, le Peugeot E-5008, présente des volumes de 735 et 1815 litres. Malgré tout, l’ambiance intérieure est soignée avec en globalité des matériaux de qualité (mis à part la sellerie en cuir siliconé pas tout à fait attrayante), et l’éclairage d’ambiance personnalisable lié au système audio de 12 haut-parleurs. Néanmoins, l’absence de banquette coulissante réduit la modularité de l’automobile, et le « frunk » (coffre avant de 32 litres) n’était pas présent au moment des essais. En dépit de sa jeunesse (Leapmotor a été créé en 2015), le constructeur produit déjà 60% de la technologie de son C10 en interne dont la batterie de 69,9 kWh directement intégrée au châssis et le moteur électrique de 218 ch. Cela donne la possibilité à la marque de maîtriser ses coûts et de proposer une autonomie de 420 km. La consommation peut se révéler encore un poil inférieure à celle annoncée, pour peu que l’on roule sur un réseau périurbain favorable.
À la conduite, le confort est au rendez-vous avec un calibrage de l’amortissement adéquat et une insonorisation soignée (moins de 76 dB), même sans vitres feuilletées. La voiture présente peu de remous et de mouvements de caisse. Par contre, la direction, trop légère, offre peu de ressenti et la pédale de frein est un peu trop spongieuse. Le comportement routier est optimal, grâce aussi à un poids assez contenu (1980 kg) et à l’intervention des ingénieurs d’Alfa Romeo pour adapter le SUV aux attentes européennes. À préciser que le C10, en finition haute Design, dispose de pneus Dunlop e-Sport Maxx accrocheurs.
En revanche, le C10 déçoit sur le plan de la recharge. Son architecture en 400 V et sa capacité de charge limitée à 84 kW en courant continu (DC) et 6,6 kW en courant alternatif (AC) lui valent d’être en retard comparé à la concurrence. Sur autoroute, le temps de recharge est assez long, avec un passage de 10 à 80 % de batterie en 40 minutes. Leapmotor envisage toutefois la possibilité d’améliorer ces capacités avec des chargeurs en courant alternatif de 11 kW et en courant continu de 120 kW dès 2025. De plus, le C10 pourrait, à terme, être produit en Europe avec l’aide des usines de Stellantis. Cela lui permettrait de bénéficier d’aides gouvernementales locales. Même ainsi, le SUV est déjà particulièrement compétitif, il démarre en effet à 36 400 €, voire même à 34 900 € pour l’offre de lancement. Soit environ 10 000 € de moins que ses concurrents directs : la Tesla Model Y et le Peugeot E-5008. Grâce au vaste réseau de distribution de Stellantis, Leapmotor nourrit l’espoir d’installer pas mois de 350 points de ventes en Europe avant fin 2024 et vise 350 000 véhicules vendus durant cette même année. Malgré ses tarifs alléchants et son niveau de confort satisfaisant, il reste au C10 un peu de chemin à parcourir, notamment du côté de la puissance de charge, pour rivaliser avec les cadors du segment.
Vitesse maxi : 170 km/h
Accélération de 0 à 100 km/h : 8,5 sec
Consommation moyenne constructeur/durant l’essai (kWh/100 km) : 19,8/13,5
Autonomie constructeur/durant l’essai (km) : 420/517
Temps de recharge 6,6 kW/borne rapide (84 kW maxi) : 6h*/30min*
Poids à vide : 1 980 kg
*de 30 à 80 % de capacité
Données techniques
Moteur électrique : Synchrone à aimants permanents
Batterie : Lithium-fer-phosphate
Capacité brute (kWh) : 69,9
Puissance maxi : 218 ch
Couple maxi : 320 Nm
Transmission : Propulsion, réducteur à 1 rapport
Pneus de série : 245/45 R20
Dim. L x l x h, en m : 4,74 x 1,90 x 1,68
Empattement, en m : 2,82
Volume du coffre, en l : 435 (+ 32 l frunk)
Durée de garantie : 4 ans ou 100 000 km, 8 ans ou 160 000 km sur la batterie