Dans une tribune chaloupée depuis le coeur du Festival International du Cinéma d’Auteur, où se mêlent créativité et innovation cinématographique, Sonia Okacha, actrice et réalisatrice, nous livre son regard sur l’art du cinéma, entre scènes et sens. Avec la sensualité qui lui est propre, elle nous dévoile ses passions, ses goûts et sa vision d’un cinéma sans cesse en évolution.
La qualité des films projetés est remarquable, qu’il s’agisse de courts ou de longs métrages, offrant ainsi une sélection soignée qui permet de toucher un large éventail de spectateurs. Ce festival est un véritable carrefour où se croisent des talents émergents et des cinéastes confirmés, ce qui en fait un lieu de découverte et de mise en valeur des jeunes réalisateurs, ainsi que des cinéastes moins expérimentés. Il s’adresse également à un public jeune, ce qui est particulièrement intéressant, car cela favorise la transmission de l’art cinématographique aux nouvelles générations. C’est une manifestation qui propose une grande diversité de propositions artistiques, tout en offrant une plateforme d’expression et une vitrine précieuse pour tous ceux qui aspirent à faire entendre leur voix à travers le cinéma.
Parlez-nous des masterclasses que vous animez pour les jeunes dans le domaine du cinéma ?
Lorsque je travaille sur la prise de parole en public, je mets l’accent sur la confiance en soi, l’art de capter l’attention et de gérer la présence scénique. C’est un aspect primordial, surtout pour les jeunes talents qui souhaitent se faire entendre et se démarquer dans un milieu souvent très exigeant.
En ce qui concerne l’incarnation d’un personnage et le travail sur l’émotion, j’insiste sur l’importance de l’authenticité et de l’empathie dans la construction d’un rôle. Je les invite à se connecter profondément à leurs émotions et à leur corps, à occuper l’espace de manière organique, et, surtout, à lâcher prise pour laisser l’émotion se vivre pleinement, sans artifice.
Pour moi, l’émotion est au cœur de tout, et sans elle, il est difficile de transmettre quelque chose de sincère au public. Enfin, le travail sur le monologue est un point essentiel de mes masterclasses. C’est un moment de vérité pour l’acteur, un instant où il doit se laisser aller dans une vérité intérieure.
Quels sont, d’après vous, les défis auxquels les jeunes réalisateurs et scénaristes marocains doivent faire face aujourd’hui pour se faire une place sur la scène internationale et comment les surmonter ?
C’est là que réside, à mon avis, l’enjeu principal. Traiter des sujets qui résonnent de manière universelle est primordial si l’on veut vraiment que son travail dépasse les frontières et trouve une place sur la scène internationale. Le cinéma marocain, tout comme d’autres cinémas, a beaucoup de potentiel, mais il doit réussir à parler à un public plus large, tout en restant authentique et fidèle à sa culture.
Aujourd’hui, il est certes plus difficile pour les jeunes talents de s’imposer et de se faire une place face à des générations de cinéastes établis et à un système qui peut parfois sembler assez fermé. Cependant, il y a de plus en plus de festivals qui jouent un rôle crucial en leur offrant une véritable vitrine pour leurs œuvres. Ces événements sont essentiels car ils permettent aux jeunes réalisateurs et scénaristes de se faire voir, d’entrer en contact avec des professionnels du milieu et d’élargir leur réseau, tout en mettant en lumière des films qui ont une réelle valeur artistique.
Quels sont les projets qui vous ont le plus inspirée tout au long de votre carrière et qui ont marqué votre vision du cinéma ?
En dehors de ces classiques, certains films plus contemporains ont également eu un grand impact sur moi, comme « Monster » avec Charlize Theron, qui m’a marquée par sa performance brute et intense. J’ai toujours eu une affinité particulière pour les films historiques, et « La Reine Margot » reste un souvenir marquant de par sa richesse visuelle et la profondeur de ses personnages. En général, ce sont surtout les films qui mettent en lumière des femmes fortes, inspirantes et profondément humaines qui m’ont le plus influencée.
Quel a été votre dernier coup de cœur cinématographique ?
Il y a aussi un autre film qui me tient à cœur et que j’aimerais beaucoup voir : « Battle de Hormard, L’Autre Fille ». Je n’ai pas encore eu l’occasion de le découvrir, mais j’en ai entendu beaucoup de bien, et connaissant un peu le travail de Hormard, je suis convaincue qu’il a relevé le défi de nous offrir une comédie réussie.
On associe souvent votre nom au succès du film Zéro. Si un 2ème volet venait à voir le jour, seriez-vous partante pour y participer ?
Bien sûr, tout cela n’aurait pas été possible sans la direction exceptionnelle de Nour-Eddine Lakhmari, qui a su donner au film cette force, cette authenticité, et cette cohésion qui ont fait de « Zéro » une œuvre si marquante. Travailler sur ce projet a été un moment unique, et si l’opportunité d’une deuxième saison se présentait, je signerais sans hésiter. C’est vraiment un projet qui a marqué mon parcours, et j’aimerais pouvoir continuer cette aventure humaine et artistique avec toute cette équipe formidable.
Quels conseils pour encourager les jeunes créateurs à explorer de nouvelles voies ?
Je conseillerais également de se former continuellement, de se nourrir de culture, d’expériences, et de connaissances. Au cinéma, l’apprentissage est une bobine qui ne cesse de tourner. Il est essentiel d’avoir des références, mais aussi d’élargir son horizon en explorant différentes disciplines et en développant toutes les facettes de son potentiel personnel.